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Guider les fiancés d’après Amoris Laetitia

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Le chapitre 6 d’Amoris Laetitia, donne les points de repères ainsi que les pistes pastorales qui s’ouvrent à nous, tant pour la préparation que pour l’après-sacrement. Avec toute la question du lien plus large de ce temps de préparation au mariage avec une pastorale d’ensemble pré- et post-sacrement, une pastorale de la famille et de l’éducation à l’amour et au vivre-ensemble dans le temps.

Guider les fiancés sur le chemin de la préparation au mariage 

Extraits :

Aider les jeunes à découvrir la valeur et la richesse du mariage (Pape François, Amoris Laetitia n° 205)

Les Pères synodaux ont signalé de diverses manières que nous avons besoin d’aider les jeunes à découvrir la valeur et la richesse du mariage. Ceux-ci doivent pouvoir percevoir l’attrait d’une union plénière qui élève et perfectionne la dimension sociale de l’existence, donne à la sexualité son sens entier, et qui en même temps promeut le bien des enfants et leur offre le meilleur environnement possible pour leur maturation ainsi que pour leur éducation.

Nécessité de l’enracinement de la préparation au mariage dans l’itinéraire de l’initiation chrétienne (AL N°206)

« La situation sociale complexe et les défis auxquels la famille est appelée à faire face exigent de toute la communauté chrétienne davantage d’efforts pour s’engager dans la préparation au mariage des futurs époux. Il faut rappeler l’importance des vertus. Parmi elles, la chasteté apparaît comme une condition précieuse pour la croissance authentique de l’amour interpersonnel. En ce qui concerne cette nécessité, les Pères synodaux ont souligné d’un commun accord l’exigence d’une plus grande implication de l’ensemble de la communauté, en privilégiant le témoignage des familles elles-mêmes, et d’un enracinement de la préparation au mariage dans l’itinéraire de l’initiation chrétienne, en soulignant le lien du mariage avec le baptême et les autres sacrements. De même, la nécessité de programmes spécifiques a été mise en évidence pour la préparation proche du mariage, afin qu’ils constituent une véritable expérience de participation à la vie ecclésiale et approfondissent les différents aspects de la vie familiale ».

Les fiancés sont une précieuse ressource pour l’Eglise les accompagner dans leur préparation est une mission (AL N°207)

J’invite les communautés chrétiennes à reconnaître qu’accompagner le cheminement d’amour des fiancés est un bien pour elles-mêmes. Comme les Évêques d’Italie l’ont si bien exprimé, ceux qui se marient sont pour leur communauté chrétienne « une précieuse ressource, car, en s’engageant, dans la sincérité, à grandir dans l’amour et dans le don réciproque, ils peuvent contribuer à rénover le tissu même de tout le corps ecclésial : la forme particulière d’amitié qu’ils vivent peut devenir contagieuse, et faire grandir dans l’amitié et dans la fraternité la communauté chrétienne dont ils font partie ».  Il y a diverses manières légitimes d’organiser la préparation immédiate au mariage, et chaque Église locale discernera ce qui est mieux, en offrant une formation adéquate qui en même temps n’éloigne pas les jeunes du sacrement. Il ne s’agit pas de leur exposer tout le Catéchisme ni de les saturer avec trop de thèmes. Car ici aussi, il est vrai que « ce n’est pas le fait de savoir beaucoup qui remplit et satisfait l’âme, mais le fait de sentir et de savourer les choses intérieurement ». La qualité importe plus que la quantité, et il faut donner priorité – en même temps qu’à une annonce renouvelée du kérygme – à ces contenus qui, communiqués de manière attractive et cordiale, les aident à s’engager « de tout cœur et généreusement » dans un parcours qui durera toute la vie. Il s’agit d’une sorte d’« initiation » au sacrement du mariage qui leur apporte les éléments nécessaires pour pouvoir le recevoir dans les meilleures dispositions et commencer avec une certaine détermination la vie familiale.

La préparation lointaine à la vocation du mariage

La préparation lointaine : la préparation au sein des familles, la préparation depuis le jeune âge(AL N°208)

 En outre, il convient de trouver les moyens, à travers les familles missionnaires, les familles des fiancés eux-mêmes et à travers diverses ressources pastorales, d’offrir une préparation lointaine qui fasse mûrir leur amour réciproque, grâce à un accompagnement de proximité et de témoignage. Généralement, les groupes de fiancés et les offres d’entretiens libres sur des thèmes variés qui intéressent réellement les jeunes, sont très utiles. Cependant, certains moments personnalisés sont indispensables, car le principal objectif est d’aider chacun à apprendre à aimer cette personne concrète avec laquelle il veut partager toute sa vie. Apprendre à aimer quelqu’un n’est pas quelque chose qui s’improvise, ni qui peut être l’objectif d’un bref cours préalable à la célébration du mariage. En réalité, chaque personne se prépare au mariage dès sa naissance. Tout ce que sa famille lui a apporté devrait lui permettre d’apprendre de sa propre histoire et la former à un engagement total et définitif. Probablement, ceux qui arrivent, mieux préparés, au mariage sont ceux qui ont appris de leurs propres parents ce qu’est un mariage chrétien, où tous les deux se sont choisis sans conditions, et continuent de renouveler cette décision. Dans ce sens, toutes les actions pastorales destinées à aider les couples à grandir dans l’amour et à vivre l’Évangile dans la famille sont une aide inestimable pour que leurs enfants se préparent à leur future vie matrimoniale. Il ne faut pas non plus oublier les précieuses ressources de la pastorale populaire. Pour prendre un exemple simple, je me rappelle le jour de la saint Valentin, qui, dans certains pays, profite plus aux commerçants qu’à la créativité des pasteurs.

 La préparation au mariage, lieu de discernement (AL N°209)

La préparation de ceux qui ont déjà formalisé les fiançailles, lorsque la communauté paroissiale parvient à les accompagner suffisamment à l’avance, doit aussi leur donner la possibilité de reconnaître des incompatibilités ou des risques. De cette manière, on peut arriver à se rendre compte qu’il n’est pas raisonnable de miser sur cette relation, pour ne pas s’exposer à un échec prévisible qui aura des conséquences très douloureuses. Le problème, c’est que l’enchantement du début amène à tenter d’occulter ou de relativiser beaucoup de choses ; on évite d’exprimer les désaccords, et ainsi les difficultés ne font que s’accumuler pour plus tard. Les fiancés devraient être encouragés et aidés à pouvoir parler de ce que chacun attend d’un éventuel mariage, de sa conception de l’amour et de l’engagement, de ce qu’il désire de l’autre, du type de vie en commun qu’il voudrait projeter. Ces conversations peuvent aider à voir qu’en réalité il y a peu de points communs, et que la pure attraction mutuelle ne sera pas suffisante pour soutenir l’union. Rien n’est plus volatile, plus précaire et plus imprévisible que le désir, et il ne faut jamais encourager la décision de contracter le mariage si d’autres motivations n’ont pas pris racine pour donner à cet engagement des possibilités réelles de stabilité.

La préparation au mariage, un temps privilégié de découvertes des enjeux de la vie de couple et des ressources possibles (AL N°210)

En tout cas, si les points faibles de l’autre sont reconnus clairement, il faut une confiance réaliste dans la possibilité de l’aider à développer le meilleur de sa personne pour contrebalancer le poids de ses fragilités, avec le ferme objectif de le promouvoir comme être humain. Cela implique d’accepter avec une volonté solide la possibilité d’affronter certains renoncements, des moments difficiles et des situations conflictuelles, ainsi que la décision ferme de s’y préparer. On doit pouvoir détecter les signes de danger pouvant affecter la relation, pour trouver avant le mariage des ressources qui permettront de les affronter avec succès. Malheureusement, beaucoup arrivent au mariage sans se connaître. Ils se sont uniquement distraits ensemble, ils ont fait des expériences ensemble, mais n’ont pas affronté le défi de se révéler l’un à l’autre et d’apprendre qui est en réalité l’autre.

Le mariage, une vocation à laquelle les fiancés doivent se préparer et l’Eglise, un lieu ressource d’accompagnement (AL N°211)

Aussi bien la préparation immédiate que l’accompagnement plus prolongé doivent assurer que les fiancés ne voient pas le mariage comme la fin du parcours, mais qu’ils assument le mariage comme une vocation qui les lance vers l’avant, avec la décision ferme et réaliste de traverser ensemble toutes les épreuves et les moments difficiles. La pastorale pré-matrimoniale et la pastorale matrimoniale doivent être avant tout une pastorale du lien, par laquelle sont apportés des éléments qui aident tant à faire mûrir l’amour qu’à surpasser les moments durs. Ces apports ne sont pas uniquement des convictions doctrinales, et ne peuvent même pas être réduits aux précieuses ressources spirituelles que l’Église offre toujours, mais ils doivent aussi être des parcours pratiques, des conseils bien concrets, des tactiques issues de l’expérience, des orientations psychologiques. Tout cela configure une pédagogie de l’amour qui ne peut ignorer la sensibilité actuelle des jeunes, en vue de les motiver intérieurement. En même temps, dans la préparation des fiancés, il doit être possible de leur indiquer des lieux et des personnes, des cabinets ou des familles disponibles, auxquels ils pourront recourir pour chercher de l’aide en cas de difficultés. Mais il ne faut jamais oublier de leur proposer la Réconciliation sacramentelle, qui permet de placer les péchés et les erreurs de la vie passée, et de la relation elle-même, sous l’influence du pardon miséricordieux de Dieu et de sa force qui guérit.

La préparation de la célébration

Fiancés : ayez le courage d’être différents, ne vous laissez pas dévorer par la société de consommation et de l’apparence. Ce qui importe, c’est l’amour qui vous unit (AL N°212)

La préparation immédiate du mariage tend à se focaliser sur les invitations, les vêtements, la fête et les détails innombrables qui consomment aussi bien les ressources économiques que les énergies et la joie. Les fiancés arrivent au mariage, stressés et épuisés, au lieu de consacrer leurs meilleures forces à se préparer comme couple pour le grand pas qu’ils vont faire ensemble. Cette mentalité se reflète aussi dans certaines unions de fait qui n’arrivent jamais au mariage parce qu’elles pensent à des réjouissances trop coûteuses, au lieu de donner la priorité à l’amour mutuel et à sa formalisation devant les autres. Chers fiancés : ayez le courage d’être différents, ne vous laissez pas dévorer par la société de consommation et de l’apparence. Ce qui importe, c’est l’amour qui vous unit, consolidé et sanctifié par la grâce. Vous êtes capables d’opter pour une fête sobre et simple, pour placer l’amour au-dessus de tout. Les agents pastoraux et la communauté entière peuvent aider à ce que cette priorité devienne la norme et ne soit plus l’exception.

Eclairer les fiancés sur la profondeur et le sens de la liturgie de leur célébration de mariage (AL N°213)

Dans la préparation la plus immédiate, il est important d’éclairer les fiancés pour qu’ils vivent vraiment en profondeur la célébration liturgique, les aidant à percevoir et à vivre le sens de chaque geste. Rappelons-nous qu’un engagement, si important comme celui qui exprime le consentement matrimonial, et l’union des corps qui consomme le mariage, lorsqu’il s’agit de deux baptisés, ne peuvent qu’être interprétés comme signes de l’amour du Fils de Dieu fait chair et uni à son Église dans une alliance d’amour. Chez les baptisés, les mots et les gestes se convertissent en un langage éloquent de la foi. Le corps, grâce aux sens que Dieu a voulu y infuser en le créant, « devient le langage des ministres du sacrement, conscients que dans le pacte conjugal s’exprime et se réalise le mystère ».

Un envoi en mission

Eclairer les fiancés sur le sens du consentement qu’ils vont se donner l’un à l’autre (AL N°214)

 Parfois les fiancés ne perçoivent pas le poids théologique et spirituel du consentement, qui éclaire le sens de tous les gestes postérieurs. Il faut souligner que ces paroles ne peuvent pas être réduites au présent ; elles impliquent une totalité qui inclut l’avenir : ‘‘jusqu’à ce que la mort les sépare’’. Le sens du consentement montre que « la liberté et la fidélité ne s’opposent […] pas l’une à l’autre, elles se soutiennent même réciproquement, que ce soit dans les relations interpersonnelles, ou dans les relations sociales. En effet, […] pensons aux dommages que produisent, dans la civilisation de la communication mondiale, l’inflation de promesses qui ne sont pas tenues […]. L’honneur à la parole donnée, la fidélité à la promesse, ne peuvent ni s’acheter ni se vendre. On ne peut pas obliger par la force, mais pas davantage protéger sans sacrifice ».

Nécessité de faire connaitre tous les engagements du sacrement de mariage (AL N°215)

 Les évêques du Kenya ont fait remarquer que « trop préoccupés par le jour du mariage, les futurs époux oublient qu’ils se préparent à un engagement qui durera toute la vie ».Il faut aider les gens à se rendre compte que le sacrement n’est pas seulement un moment qui par la suite relève du passé et des souvenirs, car il exerce son influence sur toute la vie matrimoniale, d’une manière permanente. Le sens procréatif de la sexualité, le langage du corps et les gestes d’amour vécus dans l’histoire d’un mariage, se convertissent en une « continuité ininterrompue du langage liturgique » et « la vie conjugale devient, dans un certain sens, liturgie ».

Remettre son amour sous le regard de Dieu dans la prière (AL N°216)

De même, on peut méditer à partir des lectures bibliques et enrichir la compréhension des alliances qui sont échangées, ou d’autres signes qui font partie du rite. Mais il ne serait pas bon qu’ils arrivent au mariage sans avoir prié ensemble, l’un pour l’autre, en sollicitant l’aide de Dieu pour être fidèles et généreux, lui demandant ensemble ce qu’il attend d’eux, y compris en consacrant leur amour auprès d’une statue de Marie. Ceux qui les accompagnent dans la préparation du mariage devraient les orienter pour qu’ils sachent vivre ces moments de prière qui peuvent leur faire beaucoup de bien. « La liturgie nuptiale est un événement unique, qui se vit dans le contexte familial et social d’une fête. Le premier signe de Jésus se produit au banquet des noces de Cana : le bon vin du miracle du Seigneur, qui égaye la naissance d’une nouvelle famille, est le vin nouveau de l’Alliance du Christ avec les hommes et les femmes de tout temps […]. Fréquemment, le célébrant a l’opportunité de s’adresser à une assemblée composée de personnes qui participent peu à la vie ecclésiale ou qui appartiennent à une autre confession chrétienne ou à une autre communauté religieuse. Il s’agit là d’une occasion précieuse d’an