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Les orientations pastorales diocésaines

Vade-mecum des orientations pastorales pour le mariage

Introduction

Pour accompagner les couples vers le sacrement de mariage, ces orientations insistent donc particulièrement sur :

  • Le temps et les moyens donnés aux fiancés pour mûrir la décision de leur mariage. Temps d’une vraie préparation au don mutuel de leur vie.
  • Le temps et les moyens donnés aux fiancés pour une découverte du Dieu qui les unit dans le sacrement. Temps d’une vraie catéchèse, qui peut être aussi une première annonce de la foi chrétienne.
  • La collaboration et la complémentarité de tous les acteurs de la pastorale du mariage. Cette collaboration apporte beaucoup de fruits pour les futurs époux, mais tout autant pour les communautés elles-mêmes.

Le cheminement d’un couple vers le mariage est structuré de la même manière que la préparation des sacrements de l’initiation : l’accueil des fiancés, l’accompagnement de leur démarche, la célébration du sacrement, l’attention à la suite du mariage. Chacune de ces étapes est importante pour les aider à avancer dans leur amour et dans la foi, au sein de la grande famille de l’Eglise.

1 – Accueillir

1.1. Un accueil chaleureux et personnel : la rencontre est première

Avec les couples qui viennent se préparer au mariage, il est important d’instaurer un climat de confiance. Quelle que soit leur situation, ils sont poussés par le désir de construire leur vie sur un amour durable, et c’est pour eux une occasion de faire un chemin de foi.

Le premier accueil est souvent effectué par les équipes d’accueil de nos paroisses. On veillera à leur donner les moyens de le réaliser dans les meilleures conditions. Accueillir s’apprend.

Il est souhaitable que les futurs mariés se présentent suffisamment tôt – si possible un an avant la date du mariage. On veillera à profiter de ce délai pour commencer un parcours dès que possible en les mettant immédiatement en contact avec l’équipe de préparation au mariage. On aura vérifié qu’ils se sont bien adressés à la paroisse de leur domicile. Il sera bon de répondre à leurs premières interrogations rapidement, surtout les plus concrètes : la date et le lieu du mariage, le nom du célébrant. Ce peut être un grand facteur de paix pour les rencontres ultérieures.

1.2. Accueil des situations particulières

Pour toutes les situations particulières, les acteurs pastoraux sont encouragés à consulter le service de la pastorale des familles qui orientera vers les personnes ou structures adaptées : mariage de personnes handicapées, mariages dispars (entre un catholique et un non baptisé), en particulier les mariages islamo-chrétiens, mariages mixtes (entre un catholique et un chrétien non catholique), mariage des personnes unies civilement et divorcées, ou autres cas particuliers. Pour l’accueil des personnes divorcées, se reporter au §6.

1.3. Dossier administratif

Un dossier de mariage devra être fait en bonne et due forme par une personne ayant la légitimité pour le faire. Pour éviter les difficultés, il est bon d’aborder la question du dossier administratif dès la première rencontre avec l’ensemble des partenaires impliqués.

« C’est normalement le curé de la paroisse du domicile de l’un ou de l’autre des futurs, ou de leurs parents […] qui a la responsabilité de la constitution du dossier. Si, en raison de la mobilité ou pour d’autres raisons, les futurs sont en relation avec un autre prêtre ou un diacre, ces derniers, avec l’autorisation du curé, peuvent assurer la préparation et la constitution du dossier qui sera remis au curé en temps voulu. […] Il est souhaitable que ce soit la même personne qui assure à la fois la prise en charge pastorale et la constitution du dossier. De même, la préparation des déclarations d’intention fait partie de l’entretien pastoral. Dans le cas où le mariage doit être célébré par un prêtre ou un diacre ne pouvant prendre une part importante à la préparation, il est désirable que celui-ci puisse s’entretenir de la célébration avec les fiancés. »

Dans la logique de la liberté d’engagement, les fiancés seront invités à rédiger chacun de son côté une déclaration d’intention qu’ils datent et signent. Cette déclaration doit explicitement contenir les quatre éléments essentiels du mariage. C’est un document qui peut avoir un intérêt pédagogique et spirituel dans l’accompagnement des futurs mariés.

2.  Accompagner

L’accompagnement des futurs époux est d’une très grande importance. Il y va de l’avenir de ces couples et de la mission de l’Eglise. Ce cheminement sera vécu comme un acte de foi et d’espérance en l’œuvre de Dieu dans le cœur des personnes, et comme un acte de charité manifestant l’amour inconditionnel de Dieu envers ces fiancés.

Cet accompagnement doit leur permettre, dans un même mouvement, de :

  • Vérifier leur projet : correspond-il au mariage que l’Eglise célèbre ?
  • Progresser dans l’amour mutuel
  • Cheminer dans la foi de l’Eglise

 

2.1. Un discernement sur le projet du couple

Aujourd’hui, dans leur grande majorité, les couples qui se présentent vivent ensemble depuis un certain temps. Certains ont déjà des enfants. De ce fait, ils ont souvent tendance à croire qu’ils sont déjà préparés au mariage. Il est vrai qu’ils vivent déjà un réel amour que l’on veillera à valoriser. Cependant, bien souvent des choses essentielles n’ont jamais été formulées explicitement entre eux au cours de leur vie commune : la cohabitation, le projet de vie, l’engagement dans la durée, l’amour inconditionnel pour ne citer que quelques exemples.

Il est essentiel que, pendant le temps de préparation, le couple prenne conscience que le mariage est une nouvelle étape. Il est une décision : « Je décide de t’épouser, je décide que je vais t’aimer toute ma vie. » C’est pourquoi « le premier service à rendre aux couples, c’est les aider à poser un acte volontaire, une véritable décision éthique, que chacun puisse signer en disant « je », dans la solitude la plus personnelle ».

En ce sens, il est souhaitable que chaque fiancé puisse, à un moment du cheminement vers le mariage, être rencontré de manière individuelle, soit par le prêtre ou le diacre en responsabilité pastorale, soit par l’un des membres du couple accompagnateur, afin de favoriser la liberté de parole de chacun.

Lors d’une rencontre commune de fiancés avec un ou des couples accompagnateurs, il peut être bon que les hommes se réunissent d’un côté, et les femmes de l’autre. Dans cet échange, on pourra évoquer la famille de chacun, les relations avec les futurs beaux-parents, la formation humaine et chrétienne, ce que la personne dit d’elle même, de sa foi, de sa motivation pour le mariage, le mariage à l’église. Attention toutefois à ne pas donner l’impression d’un examen de passage !

L’entretien individuel permet aussi de manifester une attention à chacun, en même temps qu’il aide à vérifier la liberté personnelle au sein du couple. Il peut arriver qu’une difficulté grave apparaisse à cette occasion. Dans ce cas, on s’efforcera d’orienter le couple vers une personne compétente (prêtre, conseiller conjugal, médecin… selon la situation) susceptible de les aider. Pour cet entretien individuel, qui demande de la délicatesse, une formation minimale à l’écoute sera utile aux accompagnateurs.

D’autre part, en venant à l’Église, les fiancés vont non seulement s’engager au mariage, mais célébrer un sacrement. On ne les laissera pas avancer sur ce chemin sans leur avoir présenté la vision chrétienne du mariage ainsi que les conditions dans lesquelles l’Eglise le célèbre : liberté, fidélité, indissolubilité, accueil de la vie. La déclaration d’intention exprimera ce contenu. C’est un document qui peut avoir un intérêt pédagogique dans l’accompagnement des futurs mariés, et un moyen d’aider chacun à prendre une décision personnelle, d’autant plus nécessaire que le flou serait ici grave : « Rendons aux couples le service de leur présenter une institution (le mariage) avec ses arêtes et son sens. C’est notre façon de prendre au sérieux, avec eux et pour eux, le désir qui les habite – au lieu de le laisser se perdre dans l’incertain et le médiocre. (…) Aider les couples, c’est ici résister et représenter un contenu ferme, un engagement osé. Avec modestie et réalisme : s’engager, ce n’est pas maîtriser l’avenir ; c’est, au contraire, sachant qu’on ne le maîtrise pas, y jeter le poids de sa vie. C’est poser un acte d’espérance.»

Ces démarches sont indispensables si l’on souhaite que l’Église prenne la responsabilité des mariages qu’elle célèbre.

 

2.2. Progresser dans l’amour mutuel

En s’engageant dans le mariage, les futurs mariés décident d’apprendre à s’aimer l’un l’autre tout au long de leur vie. Le temps de la préparation au mariage sera pour certains la seule fois dans leur vie où ils prendront du recul sur cette question.

Dans cet esprit, il importe que les points suivants soient abordés avec les futurs époux, au cours des rencontres :

  • la connaissance mutuelle ;
  • Le sens de l’engagement, de la fidélité, de l’amour inconditionnel et de l’indissolubilité du lien conjugal ;
  • Le projet du couple, véritable projet de vie: quelle vie allons-nous construire ensemble, la place de chacun, la relation aux familles respectives, la gestion des décisions, des biens matériels et des loisirs ;
  • Le repérage des éléments essentiels d’un amour vrai : écoute, dialogue, ouverture du cœur à la différence, responsabilité, don de soi, accueil de l’autre, confiance, humour, attention à l’autre, sens et place à donner à la sexualité ;
  • La relation de couple comprise comme alliance et non seulement comme un contrat ;
  • Le repérage des éléments essentiels d’un amour qui s’inscrit dans la durée : la crise et les conflits, éléments constitutifs de la relation dans un couple. Place du pardon, signe que l’on décide de continuer à aimer au-delà des blessures que l’on peut s’infliger mutuellement. Souci de prendre soin de la relation, pour qu’elle soit prioritaire et qu’on y consacre du temps. Souci de se remettre en cause, de se convertir ;
  • Et naturellement l’ouverture à la vie: enfants souhaités, régulation des naissances (responsabilité commune), et si l’enfant ne vient pas, ou s’annonce avec un handicap… Priorités dans l’éducation des enfants.

 

2.3. Cheminer dans la foi

L’accueil de la demande de mariage conduira à proposer aux futurs mariés une redécouverte progressive et graduelle de la foi, en partant de là où ils en sont, en se mettant à leur portée plus qu’à leur niveau. Cette préparation au mariage sera une authentique catéchèse et une occasion de conversion, tant pour les futurs mariés que pour ceux qui les accompagnent.

« Sur ce chemin, ils redécouvriront la dynamique de l’initiation chrétienne : baptême, confirmation et eucharistie. La préparation au mariage permettra aux conjoints de faire la vérité sur leur vie chrétienne et leur pratique sacramentelle, notamment en ce qui concerne le sacrement de pénitence et de réconciliation ainsi que leur participation à l’assemblée dominicale.

Chaque fois que le cas se présentera, on veillera à proposer le sacrement de la confirmation. Sa préparation se déroulera dans un délai convenable, avant ou après la célébration du mariage.  L’objet de l’accompagnement est de permettre aux futurs mariés de découvrir, autant que possible, combien la vision chrétienne du mariage et de la famille est humanisante et source d’espérance. Sur ce chemin, les futurs mariés pourront :

  • Expérimenter l’accueil de la communauté chrétienne. Outre l’accueil de l’équipe de préparation au mariage, il sera par exemple possible de les inviter à une eucharistie dominicale à laquelle ils seront présentés à la communauté, comme cela se fait pour d’autres sacrements
  • Découvrir par des témoignages l’espérance chrétienne sur la beauté de l’amour conjugal
  • Rencontrer le Christ dans l’écoute de la Parole
  • Découvrir la présence du Seigneur dans leur vie, source de leur amour, en particulier dans l’engagement du mariage, découvrir la fécondité du sacrement
  • Découvrir qu’il existe des groupes de réflexion chrétienne
  • Se questionner sur l’éducation chrétienne qu’ils donneront à leurs enfants : baptême, confirmation

Comme dans tout accompagnement, il s’agira de laisser une grande place à la convivialité et l’interactivité, en partant du concret de la vie des personnes, en permettant l’expression de tous : temps d’échange, de partage de la Parole de Dieu, de prière, d’enseignement, de témoignage, de préparation de la célébration. Tous ne se reconnaîtront pas dans la démarche proposée : Il importe donc de s’adapter aux situations humaines (sociales, culturelles, spirituelles), avec une attention aux plus pauvres, auxquels pourra être éventuellement proposé un chemin adapté.

 

2.4. Au terme du cheminement

Le couple aura eu l’occasion au cours de la préparation au mariage de prendre davantage conscience de la grandeur de l’engagement conjugal et de la présence de Dieu dans sa vie. On peut partager leur joie d’un lien mieux perçu et mieux vécu entre leur amour et leur foi. Ils en témoignent souvent auprès de ceux qui les entourent, parfois étonnés de leur cheminement et de ce qu’ils entendront au cours de la célébration (lectures, prière des époux…).

Le discernement faisant partie du chemin à parcourir, il importe de ne pas préjuger des décisions et choix faits par les fiancés. Lorsque les exigences fondamentales du mariage sont présentées, ceux qui n’envisagent pas de les vivre peuvent se sentir rejetés. Dans la délicatesse et la vérité, ce travail pourra aboutir à des décisions diverses, et parfois inattendues, qu’il convient de respecter et peut-être d’aider à prendre, même si elles sont douloureuses : séparation, décision de renoncer au sacrement ou de l’ajourner. Les accompagnateurs aideront ces couples à poser de vrais choix, en toute liberté.

Si un doute existe sur le bien-fondé de la décision, il sera important d’en avertir le responsable pastoral. Celui-ci prendra le temps de rencontrer les intéressés. Si une raison objective – désaccord avec l’un des quatre éléments essentiels du mariage – semble pouvoir mettre en cause la valeur du mariage, il lui appartiendra de leur en faire part et d’en tirer les conséquences. Sinon, après avoir évoqué avec les intéressés les difficultés éventuelles pour leur engagement dans le mariage, il autorisera leur mariage et intégrera des réserves dans le dossier administratif s’il le juge nécessaire.

2.5. Durée et moyens de cheminement

Comme cela a été évoqué, pour qu’un réel cheminement puisse se faire, le temps de préparation demandé aux futurs époux sera habituellement d’une année environ, sauf exception. Au cours de cette année, il leur sera proposé des rencontres avec le prêtre ou le diacre chargé de leur accompagnement pastoral. Leur sont proposées aussi des rencontres avec des couples chrétiens mariés et avec d’autres couples qui se préparent au mariage. Ces rencontres se dérouleront sur un temps suffisamment long pour répondre aux objectifs présentés ci-dessus. Elles seront organisées dans les paroisses, les doyennés ou les archidiaconés, par des personnes ou des organismes compétents.

Fait à Lyon, le 25 mars 2009